A l’origine, Fernand Hervé souhaitait disposer d’un bateau destiné à la régate, plus stable sous spi et par vent fort, que ne l’était Eloise I.
François Sergent et Fernand Hervé ont imaginé positionner le gouvernail séparé de la quille, dans le prolongement d’un aileron.
« Un voilier très en avance »
Au début des années cinquante, Fernand Hervé, constructeur naval à La Rochelle, construit pour lui-même un sloop de 9 mètres, dessiné par l’architecte François Sergent. Il l’appelle Eloise (l’éclair, en patois charentais).
Cette collaboration conduit à un joli palmarès durant plusieurs années, et les incite à dessiner et construire un nouveau bateau destiné à la course en Manche : Ce sera Eloise II, yawl bermudien de 13,5m, avec les progrès de son temps : quille courte le rendant plus évolutif, déplacement plus léger grâce à une coque en double bordé sur moule (l’un en diagonale, l’autre longitudinal), finesse des lignes (largeur maximum 3,20m) : à cette époque, les courses se gagnaient au près.
Sortie du chantier en 1957, Eloise II a eu une sœur jumelle : Marie-Christine III, construite par Fernand Hervé pour Jean Claude Menu.
« C’étaient des voiliers très en avance, les plus modernes de France à l’époque, dit Jean-Claude Menu. En arrière de la quille, il y avait un aileron devant le safran suspendu qui donnait une très grande stabilité de route ».
Un bateau de course
Pendant plusieurs années, Eloise I et Marie-Christine III se livrèrent un beau duel, s’échangeant les premières et deuxièmes places dans les courses de la zone atlantique, et participant alors aux courses du RORC : Pour sa part, Eloise II a été sélectionnée pour défendre la France dans l’Admiral’s Cup, et s’y illustra brillamment : en 1963, le bateau se classa 4ème en classe I à la Channel Race, 10ème au Fastnet et 1er toutes classes dans Plymouth-La Rochelle.
Consulter le palmarès d’Eloise II
En 1962, Fernand Hervé modifia le gréement d’Eloise en lui ajoutant un balcon avant formant bout-dehors. La surface du triangle avant étant ainsi plus importante, le bateau courait non plus en classe II mais en classe I.
Une carrière étonnante en copropriété
En 1967, Fernand Hervé vend Eloise II à un groupe de 10 copropriétaires. Le bateau est alors basé au Havre, participe aux régates locales, et chaque année parcourt en croisière les côtes françaises et anglaises.Certaines années, les croisières sont plus lointaines : 1970 sur les côtes espagnoles, ou 1975 en baltique. Pour ces grandes virées, avec relèves d’équipages itinérantes, il n’est pas rare que deux copropriétaires associent leurs équipages, doublant ainsi leur temps de navigation. Cette pratique permet aux uns et aux autres de mieux se connaître et de lier amitié au fil du temps.
En 1976, après plusieurs changements de copropriétaires, Eloise II est basée à Cherbourg. Les grandes croisières partent vers le Portugal, l’Irlande, la Norvège ; les navigations de printemps et d’automne, essentiellement vers les îles anglo-normandes.
En 1987, Le pont et le tableau arrière sont remplacés au chantier Labbé à St Malo (le voisin de hangar n‘est autre que Pen Duick I, achevant sa rénovation).
En 1993, Eloise II quitte la Manche pour Lorient. Elle participe aux grands rassemblements de Brest et Douarnenez, et aux courses de yachts classiques organisées par le Musée maritime de La Rochelle.
L’hiver 2000, des travaux de remplacement de pièces de structure sont effectués par les chantiers du GUIP à Brest.
En 2005, Eloise II participe à la fondation du Yacht-Club Classique, regroupant des bateaux qui témoignent toujours d’une époque prestigieuse de la voile et de la course-croisière.
Reprenant le projet de son ancien président Jacques Savornin, le cinquantenaire d’Eloise, en 2007, a été l’occasion de rendre hommage à son architecte François Sergent, en rassemblant le plus possible de ses bateaux qui naviguent encore.
Depuis 2014, Eloise II est basée à Port Louis dans le Morbihan.